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Zoom Afrique du 17 mai 2023

Zoom Afrique du 17 mai 2023

Les titres de la rédaction :

  • Nigeria : le transbordement de cargaisons démarre bientôt dans le nouveau port de Lekki
  • Nigeria : la CCECC achève la construction de la 1re usine d’assemblage de wagons d’Afrique de l’Ouest
  • Six chefs d'État se rendront en Russie et en Ukraine pour présenter un plan de paix (Cyril Ramaphosa)
  • Nigeria : 12 milliards de dollars pour réparer les dommages environnementaux de Shell et Eni ?

Les analyses de la rédaction :

1- Antilles: la France dissimule son crime colonial et environnemental 

Après le non-lieu prononcé sur l’affaire du chlordécone soi-disant par manque d’éléments en prouvant la dangerosité à l’époque de son utilisation, une nouvelle enquête de certains médias met en évidence que des quantités énormes d’archives incriminantes ont disparu. 

Depuis 2006 et la première plainte dans l’« affaire du chlordécone », les entraves juridiques se sont multipliées de la part de l’État français. En janvier dernier, ces tentatives s’étaient soldées par un non-lieu. Une décision très politique par laquelle les juges ont cherché à couvrir l’État dans son crime colonial et sanitaire. Ce non-lieu était justifié par les juges par une soi-disant fragilité des preuves tant scientifiques qu’administratives, entre autres sur la dangerosité du chlordécone pour la santé. 

Aujourd’hui 90 % des Martiniquais et Guadeloupéens sont contaminés par ce pesticide cancérigène. Ils sont également touchés par le plus haut taux de cancer de la prostate du monde, après qu’« un sixième de la production mondiale d’une molécule cancérigène – et qui est un perturbateur endocrinien – fut répandu sur 20 000 hectares de terres agricoles de deux petites îles densément peuplées, [la Guadeloupe et la Martinique] ». Cette décision de justice constituait dès lors une véritable insulte vis-à-vis de la population antillaise, doublée d’une réaffirmation de la domination de l’État français sur ces territoires et leur population. 

Loin d’avoir résigné la population, ce jugement a amplifié la colère et la détermination des victimes, à travers divers rassemblements et manifestations. Une travailleuse sociale de 57 ans, atteinte elle-même de plusieurs maladies métaboliques et ayant perdu au moins 11 proches en raison de l’empoisonnement au chlordécone, témoigne ainsi à France Info : 

« Je me battrai jusqu’au bout parce qu’on est trop touché dans ma famille. Même si un jour, je ne suis plus là, je voudrais que mon fils continue le combat ». 

Aujourd’hui, une nouvelle enquête de la cellule d’investigation de certains médias confirme une fois de plus ce que dénoncent les associations de victimes. En plus de l’empoisonnement, elles se battent en effet contre l’opacité maintenue par l’État français autour du dossier et l’entrave constante à la justice qu’il maintient. Alors que l’alibi de la décision de justice était une supposée méconnaissance des dangers du pesticide à l’époque de son épandage massif, l’enquête atteste que des quantités énormes d’archives incriminantes ont tout simplement disparu de la circulation… 

Cette enquête démontre comment l’État français a empêché la consultation, de plusieurs dossiers. Notamment des comptes-rendus de la commission des toxiques, qui étudie le risque représenté par les produits en vue de décider de leur mise sur le marché. À deux reprises, lors d’une mission d’information parlementaire en 2005 et pour une étude scientifique gouvernementale en 2009, le ministère de l’Agriculture a ainsi refusé l’accès à ces dossiers. 

Pire, certains auraient même été détruits, « perdus » ou confisqués. « Quand le ministère a transféré ses documents aux archives nationales, il y a eu un tri assez sauvage. Est-ce qu’il ne voulait pas nous donner accès à certains documents, ou est-ce qu’il ne savait pas où ils étaient ? Je ne sais pas. » explique ainsi Pierre-Benoît Joly, sociologue de l’Inrae auteur d’une étude sur le Chlordécone. 

Ainsi, plus de 17 ans de ces comptes-rendus, entre 1972 et 1989 soit pendant le gros de la période de circulation et d’utilisation du chlordécone, n’ont pas été analysés dans le cadre du procès. Il en est de même pour les enquêtes judiciaires. Même lors d’une commission parlementaire sur le chlordécone en 2019, l’intégrité de ces archives n’était pas disponible : il manquait encore plus de 8 ans d’archives. 

A titre d’exemple, il n’existe aujourd’hui aucune trace des archives portant sur l’étude par la commission des toxiques d’un pesticide à base de chlordécone en 1981. Une perte de données bien commodes pour l’État français. 

Bordereaux de douanes, trace du passage de lobbyistes, légumes contaminés, rapports sanitaires disparus ou détruits. 

De plus, l’enquête certifie la présence de lobbyistes de l’Union de l’industrie des produits pesticides dans la commission des toxiques déjà évoquée. Là aussi, mystère des archives, les traces de représentants des industriels des pesticides débattant de la mise sur le marché de leurs propres produits ont disparu du journal officiel. 

De même, un rapport de la direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (DDASS) de Martinique, qui relevait la présence de chlordécone dans un point de captage d’eau potable en 1991 a disparu. Un rapport qui date de 7 ans avant la première alerte à ce sujet, et la fin du puisage à cet emplacement. Une nouvelle preuve de la connaissance de l’empoisonnement massif de la population par l’État français, et de son rôle actif dans celui-ci. 

Pour l’État français, les territoires des dits « Outre-Mer » ne sont que des espaces à mettre au profit de ses intérêts économiques et géostratégiques, peu importe la violence engendrée pour leur population. Dans Une écologie décoloniale, Malcolm Ferdinand revient sur ce caractère à partir du chlordécone : « Bien plus qu’une contamination environnementale, le CLD [chlordécone] aux Antilles est la trace de différents types de violences et de dominations. Figurent d’abord, les violences et inégalités sociales à l’égard d’ouvriers agricoles[...]S’ensuit une “violence lente” et multidimensionnelle à l’encontre des humains et non humains qui percolent lentement dans tous les pores des écosystèmes antillais [...] Le CLD aux Antilles raconte l’histoire [de] la faculté d’un petit nombre à imposer à l’ensemble des habitants des conditions toxiques de vie pour plusieurs dizaines voire centaines d’années. » Une « violence lente » à laquelle on pourrait ajouter le travail de fossoyeur de mémoire mené par l’État, via ses décisions de justice et la disparition des archives et des preuves. Ces dernières subsistent, brulantes, dans les corps et l’environnement des victimes, et bien sûr dans leur détermination à obtenir justice et vérité. 

Cette violence aux profits des intérêts de l’Etat français se retrouve dans l’opération militaire et coloniale « Wuambushu » à Mayotte, justifiée là aussi par des mensonges racistes et coloniaux. 

Des Antilles à Mayotte, la lutte contre les violences d’état passées et futures, doivent être au cœur d’une écologie anti-impérialiste qui doit se battre pour exiger justice et vérité pour toutes les personnes qui font ou ont fait face aux destructions causées par l’État français. Une bataille qui débute par la mise à disposition de tous les archives de l’histoire coloniale française. 

2. Les accusations de l’Occident contre l’Afrique du Sud ou le pyromane qui se prétend pacifiste

Par Mikhail Gamandiy-Egorov 

Les récentes attaques verbales de l’establishment atlantiste contre Pretoria ne font que confirmer l’incapacité totale de l’Occident à faire face aux partisans de l’ordre multipolaire international contemporain. Par ailleurs, lesdites accusations contre les puissances non-occidentales ne pourront en aucun cas voiler le rôle de pures pyromanes que sont précisément les élites occidentales à l’encontre de l’écrasante majorité planétaire. 

La rhétorique hostile de Washington et de ses principaux suiveurs occidentaux vis-à-vis des puissances non-occidentales pro-multipolaires est passée tout récemment à l’étape supérieure. Comme confirmation – les accusations de l’ambassadeur US en Afrique du Sud qui a ouvertement accusé le pays de Nelson Mandela de fournir des armes et munitions à la Russie, comme le rapporte la BBC. 

Ainsi, le diplomate étasunien a affirmé qu’un navire russe ait été chargé d’armes et de munitions dans la ville du Cap, en décembre dernier. Le personnage en question a également déclaré lors d’une conférence de presse à Pretoria – que Washington était à ce titre « préoccupé » compte tenu de la position déclarée de non-alignement des autorités sud-africaines dans le dossier ukrainien. 

Le bureau du président de l’Afrique du Sud s’est dit de son côté déçu par ces affirmations étasuniennes et par le fait qu’aucune preuve n’avait été fournie par la partie US pour pouvoir confirmer de telles allégations. 

24 heures plus tard – le ministère sud-africain des Affaires étrangères a déclaré que l’ambassadeur étasunien s’était « excusé sans réserve » pour avoir affirmé que l’Afrique du Sud avait fourni des armes à la Russie. Confirmant que Washington semble avoir fait en partie marche arrière dans ses agressions verbales vis-à-vis de l’une des principales puissances continentales d’Afrique et membre des BRICS. 

Mais cette situation n’a fait que démontrer une fois de plus plusieurs éléments soulevés dans le passé. Parmi lesquels le fait que l’axe washingtonien des nostalgiques de l’unipolarité adore lancer des accusations farfelues vis-à-vis non seulement de ses principaux adversaires géopolitiques et géoéconomiques déclarés, mais également vis-à-vis de toutes les nations qui aujourd’hui n’adhèrent pas au discours occidental. Sans être en mesure de présenter une quelconque preuve digne de ce nom. 

Confirmant ainsi que bien souvent ces accusations, comme à l’endroit de l’Afrique du Sud, ne sont en réalité qu’une énième tentative de faire pression sur un pays pratiquant une politique indépendante sur la scène internationale, faisant partie de l’une des principales alliances pro-multipolaires, en l’occurrence celle des BRICS, le tout au moment où l’organisation concernée participe activement aux bouleversements géoéconomiques et géopolitiques à l’échelle mondiale. Tout en étant une source d’attraction pour de nombreux autres pays de la planète. 

Mais là encore ce n’est pas tout. Les accusations washingtoniennes à l’encontre de l’Afrique du Sud, comme d’ailleurs précédemment à l’endroit de la Chine, quant à la prétendue fourniture d’armes en faveur de la Russie dans le conflit qui oppose Moscou à l’axe otanesque sonnent véritablement comme l’hôpital qui se moque de la charité lorsqu’on connait les moyens engagés par l’Occident dans sa guerre par procuration contre l’État russe. Peut-être d’ailleurs même un hôpital psychiatrique plus précisément, avec des cas de malades particulièrement touchés. 

Le fait est qu’à l’approche du prochain Sommet des BRICS – tous les pays partisans de la multipolarité – seront incontestablement dans le viseur des forces atlantistes, qui malgré les énormes moyens engagés n’ont pas réussi à réaliser leur scénario de défaite stratégique infligée à la Russie. D’autant plus qu’ils savent parfaitement que ce n’est pas le dernier dossier d’un affrontement majeur entre la réalité multipolaire contemporaine et l’axe des nostalgiques de l’unipolarité, réuni autour de Washington. 

3. Le Mali se renforce !

Les tentatives de la Communauté occidentale de vouloir affaiblir le Mali ont visiblement l’effet inverse ! Des pays africains comme le Burkina Faso continuent de soutenir le Mali, sachant pertinemment que cette même Communauté occidentale usera des mêmes sournoiseries pour les autres pays prônant le souverainisme. 

Le gouvernement burkinabè s’est étonné du contenu du rapport de l'ONU qui accuse l’armée malienne et les instructeurs russes d’avoir commis des exactions contre les civils dans la localité de Moura. 
Début mai, Bamako avait apporté son soutien à Ouagadougou, alors sous le feu de critiques de la communauté internationale suite à des allégations d’exactions contre des civils dans la localité de Karma, dans le nord. Quelques jours après, les autorités burkinabè ont rendu la pareille à leurs homologues maliens. 

Le Burkina a « marqué son incompréhension quant aux conclusions » dudit rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme, rendu public le 12 mai 2023 et qui accuse les FAMa et les instructeurs russes d’avoir tué plus de 500 civils dans la localité de Moura, du 27 au 31 mars 2022. 

Dans un communiqué signé du porte-parole du gouvernement burkinabè, Jean-Emmanuel Ouédraogo et publié lundi soir, les autorités de la transition ont estimé, plutôt que les forces combattantes maliennes « ont mené avec succès une opération militaire d’envergure dans la localité de Moura courant mars 2022 qui a permis d’infliger une cinglante défaite à ces disciples de l’apocalypse en neutralisant plusieurs dizaines de terroristes ». 

C’est pourquoi elles ont exprimé leur « solidarité » au gouvernement du Mali, « injustement pris à partie pour des allégations supposées de violation des Droits de l’Homme », a indiqué Jean Emmanuel Ouédraogo. 

Le Burkina a dénoncé ce qu’il a qualifié « d’approche des Droits humains à géométrie variable », qui consiste pour les Nations unies à « observer une complaisance suspecte » face aux exactions des groupes terroristes et de condamner les actions des armées des pays du Sahel. 

Il a fait savoir que la communauté des nations n’assume pas « son devoir de solidarité vis-à-vis des Peuples du Sahel, violentés et martyrisés sur la terre de leurs ancêtres alors qu’ils n’aspirent simplement qu’à vivre libres, dignes et en paix ». 

Le gouvernement malien a remis en cause le contenu dudit rapport et annoncé l’ouverture d’une enquête contre les rapporteurs onusiens. 

Comme d’habitude, les rapports de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) est toujours décrié et contesté par la plupart des Maliens. Celui sur Moura vient de confirmer la pensée des Maliens. Yèrèwolo Débout sur les Remparts dénonce ce tout dernier rapport et le qualifie « fallacieux ». 

Après la publication officielle du rapport de la MINUSMA sur Moura, le mouvement Yèrèwolo Débout sur les Remparts sort avec un communiqué pour décrier « la manipulation des autorités onusiennes ». Pour Yèrèwolo, ce rapport « mensonger, truffé d’incohérences » vise des objectifs comme : Préparer une agression militaire du Mali par l’OTAN ; lancer des mandats d’arrêt internationaux contre les plus hautes autorités militaires du Mali ; freiner la progression des FAMa qui ont réussi seules là où Barkhane, Takuba, la force conjointe du G5 sahel, la MINUSMA ont échoué ; mettre le discrédit sur le partenariat solide, sincère et fructueux entre le Mali et la Russie ; saper les efforts et le moral des vaillants soldats en semant la discorde dans leurs rangs et faire du chantage aux autorités maliennes afin qu’elles abandonnent le chemin de la libération et de la restauration de la paix au Mali. 

Le mouvement Yèrèwolo Débout sur les Remparts signale que ce genre de rapport est contre « la stabilité du Mali ». « ’Nous n’accepterons sous aucun prétexte que des touristes armés coiffés des bérets bleus nous divertissent »’, a-t-il mentionné. Il ajoute qu’il prenne acte des communiqués hâtifs de certains pays sur un rapport mis en conditionnel et qui ouvre la voie à un autre rapport, car ce rapport éhonté souffre beaucoup de fiabilité. 

Yèrèwolo Débout sur les Remparts lance un vibrant appel au peuple malien et panafricain à toutes les forces patriotiques, toutes les forces du changement et à toutes les forces révolutionnaires à la mobilisation générale le jeudi 25 mai 2023 au stade omnisport Modibo Keita à partir de 14h à Bamako partout au Mali et dans toute la diaspora afin d’imposer la paix au Mali et mettre fin à ce harcèlement sadique et satanique. 

À titre de rappel, depuis plusieurs semaines, c’est Yèrèwolo Débout sur les Remparts qui réclame le départ de la MINUSMA au Mali. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV